Bonjour,
Article 13 de la loi du juillet 1965Â :
Le règlement de copropriété et les modifications qui peuvent lui être apportées ne sont opposables aux ayants cause à titre particulier des copropriétaires qu'à dater de leur publication au fichier immobilier.
Si depuis la décision de modifier la grille de répartition des charges d’ascenseur la moitié des appartements ont été vendus, il va y a avoir un joli bazar dans votre copropriété.
Citation :
1. Une décision votée en 2021 mais non entérinée dans le RCP peut-elle encore être publiée en 2025 ?
Aucun délai n’est imposé. L’application de la modification peut seulement se heurter au délai de prescription des actions réelles qui est de trente ans. Vous en êtes encore loin.
Citation :
2. L’absence de publication invalide-t-elle automatiquement la décision ?
Non. Il n’y a aucun lien entre publicité et validité. La publicité n’a d’effet que sur l’opposabilité.
Citation :
3. Les nouveaux copropriétaires ont-ils un recours pour s’opposer à cette publication tardive ?
Peut-être si le libellé de la résolution n’est pas assez explicite, surtout si la résolution n’a pas été adoptée à l’unanimité. La publication requiert un acte notarié et non seulement un dépôt au rang des minutes du notaire comme il a été d’usage de le faire pendant longtemps ce qui n’est plus autorisé.
La résolution mentionne-t-elle explicitement une modification du règlement de copropriété ?
Si ce n’est pas le cas, les nouveaux copropriétaires réfractaires pourraient tenter de faire valoir que l’assemblée générale n’a pas décidé de modifier le règlement de copropriété. Il y aurait alors conflit entre le règlement de copropriété et une décision de l’assemblée contraire au règlement et le règlement devrait prévaloir. C’est peut-être tiré par les cheveux. A voir. Qu’en pense le notaire ? Il pourrait trouver suspecte la décision votée en 2021 surtout si elle n’a pas recueilli l’unanimité des voix comme l’impose l’article 11 de la loi du 10 juillet 1965.
Ces copropriétaires ne peuvent s’opposer à une publication au seul motif qu’elle est tardive. Mais ce peut tout de même constituer un motif pour demander une indemnité au syndicat ou au vendeur pour le préjudice qu’aurait causé l’omission de publier.
Citation :
4. Si la grille repose sur des critères contestables (charges pondérées au lieu des surfaces cadastrales), peut-elle être annulée ou modifiée malgré le vote initial ?
En principe les décisions de l’assemblée générales ne sont plus contestables au-delà du délai de deux mois à compter de la notification du procès verbal. Néanmoins l’article 43 de la loi dispose que sont réputées non écrites les clauses contraires aux dispositions d’ordre public de la loi dont celles de l’article 10 :
Les copropriétaires sont tenus de participer aux charges entraînées par les services collectifs et les éléments d'équipement commun en fonction de l'utilité objective que ces services et éléments présentent à l'égard de chaque lot, dès lors que ces charges ne sont pas individualisées.
L’utilité objective n’est définie nulle part et donc appréciée souverainement par les tribunaux. Il peut paraître aberrant qu’à surfaces égales, un appartement situé plus haut participe moins qu’un autre situé plus bas. L'idée que cette aberration rende la clause non écrite peut se défendre.
En attendant, les nouveaux copropriétaires sont fondés à refuser l’application de la nouvelle grille non publiée. Il n’ont pas besoin de saisir une juridiction. Ils peuvent très bien se contenter de calculer ce qu’ils doivent. Ce sera au syndic de saisir le tribunal s'il estime que le syndicat est dans son droit. Cela résulte tout simplement de l’article 1353 du code civil :
Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la prouver.
Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l'extinction de son obligation.