Bonjour,
Il y a quelques temps, j'ai posté ici une question pour un problème de dalle de balcon non étanchée en copropriété :
https://www.forum-juridique.net/immobilier/copropriete/etancheite-de-balcons-t46058.html
Il y a du neuf dans mon affaire. J'ai en effet réussi à obtenir (non sans persévérance) une expertise amiable contradictoire faite par un expert béton (inscrit au CNEJ sous plusieurs sections C.3 structure - béton, donc difficilement contestable). Il vient de produire un rapport qui change radicalement les choses, puisqu'il établit :
1- L'existence de dégâts à la dalle de balcon : béton altéré de manière irréversible, corrosion visible des armatures
2- La continuité des dégâts : il y a de nouveaux de dégâts à chaque nouvel épisode pluvieux, sans même qu'il soit besoin qu'il soit suffisamment fort pour provoquer des écoulements
3- Les écoulements par la dalle, qui sont anormaux
4- Le défaut d'entretien du balcon de la voisine du dessus (que j'appellerai Madame B.) : barbacane d'évacuation encombrée par de la végétation qui y pousse, et son balcon a été trouvé à l'état de dépotoir (je voudrais pouvoir vous poster la photo pour vous donner une idée, mais c'était jonché d'encombrants et de terre qui pourissaient au soleil). Il a retenu que l'ensemble aggravait encore le problème en empêchant l'eau de pluie de s'écoulant normalement.
Ses conclusions sont sans appel : la dalle doit être étanchée, et vite, sinon les dégâts vont s'accélérer. Il remet également en doute la solidité de la dalle, et a indiqué comment faire pour la vérifier (c'est une opération destructrice, en plus de faire un ferroscan et une écoute par sonar).
De plus, pour avoir discuté informellement avec lui (un expert qui se respecte ne fait pas de droit, CPC 238 alinea 3), l'argument du DTU est bien fallacieux et n'a aucune valeur, même techniquement : il y a 2 DTU impliqués dans l'étanchement, le 20.12 pour la maçonnerie, et le 43.1 pour son étanchement.
Et ni l'un ni l'autre n'est applicable, car ils ne portent que sur des toitures-terrasses. Et nous ne sommes pas sur une toiture-terrasse dans le cas présent. Donc l'argument "C'est pas prévu aux DTU" vaut zéro, c'est comme vouloir justifier une aberration technique par une autre aberration consistant à utiliser des documents bien faits qui n'ont jamais statué sur la question soulevée.
Sa solution préconisée pour remédier au problème est celle à laquelle j'ai toujours pensée moi-même : étanchement par résine ou complexe d'étanchement liquide. Mais il y a deux options possibles :
- Sur le carrelage de Mme B.
- Ou directement sur la dalle de balcon, donc sous le carrelage de Mme B., ce qui suppose que le carrelage et son mortier de pose (totalement pourri) de Mme B. sautent.
C'est là que se pose une une question à laquelle j'ai du mal à répondre :
1- Mon avocate cherche à établir qui est responsable, et me demande qui je veux tenir pour responsable, et je ne sais pas quoi lui répondre. Son raisonnement est simple : si l'étanchement doit être fait sur le carrelage de Mme B., cela implique que c'est elle la responsable. Et s'il doit être fait dessous, alors c'est le syndicat. Mais elle cherche un responsable et un seul, ce qui sous-entend que je tranche cette question. Or, ce n'est pas mon affaire.
2- Un proche me soutient que j'ai intérêt à assigner les deux, et demander leur condamnation in solidum, car Mme B. n'est pas étrangère au problème d'après le rapport, et que si je ne le fais pas, elle et la copropriété vont se renvoyer la balle pour savoir qui doit faire les travaux. Répondre à cette question n'est pas mon affaire, mais s'ils ne sont pas mis tous les deux sous astreinte de s'exécuter, cela va s'éterniser.
3- Et mon raisonnement est encore différent. Selon les 2 derniers alinéas de l'article 14 de la loi 1965, le syndicat :
- a pour objet la conservation et l'amélioration de l'immeuble ainsi que l'administration des parties communes.
- est responsable des dommages causés aux copropriétaires ou aux tiers ayant leur origine dans les parties communes, sans préjudice de toutes actions récursoires.
Le défaut de conservation étant établi par mon expertise, le syndicat est premier responsable, et de plein droit, mais d'après cet article la loi prévoit sa faculté d'une action récursoir s'il trouve que c'est quelqu'un d'autre qui est à l'origine du problème - Mme B.
Donc, cela ne pourrait qu'être une erreur d'assigner aussi Mme B d'après ce texte. Au demeurant, elle pourrait dire que certes, son balcon a été trouvé à l'état de dépotoir le jour de l'expertise, mais qu'il n'est pas démontré qu'elle a créé des dégâts, car il n'a pas plu ce jour-là, et qu'il n'est pas démontré non plus qu'il était dans le même état lors de la dernière pluie. Donc que sa responsabilité n'est pas démontrée.
Et il se trouve que ça m'arrangerait mieux de taper sur le syndicat seul, car la solution technique de refaire l'étanchement sous le carrelage de Mme B. est bien meilleure.
Je voudrais savoir ce que vous en dites : assignation des deux pour une condamnation in solidum à faire les travaux sous astreinte, ou du syndicat seul ?
Merci d'avance.